QUIMPER - Musée des beaux-arts
Comme beaucoup de musées de province, celui-ci a vu le jour grâce à un leg d’un riche habitant.
L’habitant en question c’est le comte Jean-Marie
de Silguy descendant d’une des plus vieille famille du coin.
La Bretagne est pratiquement inconnue des peintres mais devient à partir des années 1830 une province qui les attire par son romantisme, et puis le celtisme et le druidisme, exotisme de l’époque plaisent beaucoup, et surtout les paysages sont à portée de chevalet et la vie y est peu chère.
Revenu vivre sa retraite à à Quimper après une vie professionnelle parisienne de surcroît sans enfants, sa préoccupation essentielle devint alors le catalogage de sa collection.
Le comte de Silguy - Un salle du musée au 19e siècle.
En 1864, à sa mort, il lègue l’ensemble de sa collection à la ville de Quimper avec une seule condition que l’on construise un musée pour l’accueillir dignement.
En 1866, la Ville fait l’acquisition d’un terrain mitoyen à l’Hôtel de Ville. On choisit Joseph Bigot célèbre architecte de la région pour construire le musée et en 1872 il est enfin inauguré.
C’est un musée imaginé comme un palais de style italien, plus précisément génois. Bigot a pris leçon des dernières réalisations en France et plus particulièrement de celui d’Amiens en cours de construction.
Le rez-de-chaussée est affecté aux collections d’archéologie et le premier étage avec diverses salles dont une grande galerie à la lumière zénithale est consacrée à la collection de Sliguy.
Pour l’École flamande, ce sera Rubens, Francken II, quelques “vanités” que j’affectionne particulièrement. Les sujets historiques ou mythologiques je les laisse aux autres ! A signaler quand même, c’est l’essentiel de la collection De Silguy.
L’École italienne va de la fin du 14e à la fin du 18e, pour l’essentiel est plus modeste mais présente une certaine homogénéité avec des œuvre de Nicolo, de Ferrari et un volet d’un retable du Siennois Bartolo di Fredi.
L’École française quant à elle, c’est la moitié de la collection. C’est surtout le 18e qui est à l’honneur. On peut y admirer deux esquisses de Boucher et de Fragonard beaux exemples de fêtes galantes et de mythologies très en vogue.
Le 19e est très bien représenté dans la collection car De Silguy à l’époque a entretenu avec les artistes une véritable relation en les fréquentant, en leur rendant visite dans leurs ateliers mais aussi en visitant les nombreux salons.
On peut y voir Mademoiselle de Cabarrus par Chassérieau, très beau portrait on l’on perçoit les leçons de ses maîtres Ingres et Delacroix, ou La vue du château de Pierrefonds de Corot et aussi de Boudin Le port de Quimper.
Avec l’École de Pont-Aven toute près, c'est bien sûr une belle collection de tous ces fous qui ont révolutionnés si bien la peinture avec leur théorie synthétique. Belles séries de Bernard, Sérusier et Denis et leurs copains d’alors.
Pour les réceptions on y ajoute un grand salon d’honneur. Voilà le décor est planté, les quimpéroix ont leur musée et vont pouvoir s’éduquer à l’art !
Les années passent et le musée prend de l’importance. On fait l’acquisition d’œuvres, on l’étoffe par d’autres legs et vite l’espace devient étriqué.
Ce n’est qu’au début des années 1990 que la municipalité prend la mesure pour l’agrandissement qui devient indispensable. Entre temps Max Jacob est né, et a laissé à la ville une empreinte ineffaçable.
La salle à manger de l'hôtel de l'Epée - Max Jacob
La Ville a aussi hérité du décor Lemordant, un décor peint pour la célèbre brasserie de l’hôtel de L’Épée. Il faut caser tout ce beau monde et l’urgence est là.
La peinture du 20e siècle est loin d’être oubliée. C’est surtout une collection inspirée par la Bretagne. Un lien pour rassembler des témoignages d’artistes bretons ou non.
De Bazaine à Lapicque en passant par Villeglé, sans oublier Le Moal ou Tal Coat c’est un panorama très complet de la peinture du 20e et plus particulièrement des années 60 à 90. Dilasser et Doaré sont mes préférés pour les dernières années du siècle.
Le public a évolué, il veut des expositions temporaires comme dans la capitale et le musée ne peut répondre à la demande.
En 1993 la rénovation est confiée à Jean-Paul Philippon qui a participé à la création du musée d’Orsay et de La piscine à Roubaix.
On casse tout, on ne garde que la façade classique. On créé spécialement au rez-de-chaussée un lieu pour les expositions temporaires. L’ensemble ressemble à une nef lumineuse et harmonieuse ou le béton et le granit se marie admirablement pour donner lumière et espaces.
Une salle à l’étage est consacrée enfin au grand poète Max Jacob et à ses amis.
La salle Lemordant et vue sur le rez-de-chaussée depuis la passerelle
Les panneaux Lemordant reconstitués comme à l’origine s’ouvrent comme un espace de repos tout vêtu de bois blond et de lumière douce.
Enfin les 700 œuvres peuvent être présentées en permanence. On y ajoute aussi une librairie et un auditorium.
Un très beau résultat, une rénovation pensée et réfléchie.
De très belles expositions temporaires attirent un public de plus en plus nombreux dont moi qui en suis une inconditionnelle.
Il y eut en 2011 De Turner à Monet, la découverte de la Bretagne par les paysagistes au XIXe siècle.
En 2012 L'arbre et la forêt, du Pays du soleil levant au Bois d'amour ;
Die Brücke (1905-1914), aux origines de l'expressionnisme.
En 2013 De Véronèse à Casanova, parcours italien dans les collections de Bretagne.
Actuellement, Henri Marret, parcourir la Bretagne.
Des visites et des conférences très pointues et très diverses comme L'Ecole du Louvre à Quimper, deux cycles par an de 4 ou 5 conférences, cette année ce sera L’image de la femme dans l’œuvre de Picasso.
Des spectacles et des concerts sont aussi accueillis occasionnellement dans les salles du musée.
Un musée vivant, l'art à porté des yeux et des oreilles.
Kenavo ma mirdi mullan-karet !
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