VILLENEUVE-D'ASQ - Le LaM - ICI, LÀ ET AILLEURS

VILLENEUVE-D'ASQ - Le LaM

QUELLE ÂME CE LaM ! BIEN SÛR LE JEU DE MOTS EST FACILE MAIS IL EST PARFAITEMENTEN ADÉQUATION AVEC LE LIEU.

Le LaM c'est à première vue un magnifique parc verdoyant, laissé libre de vivre sa vie, peuplé de sculptures exceptionnelles. Calder, Picasso, Lipchitz et Roulland sans oublier Coignet et Deacon semant leurs désordres de fer, de pierre et de fonte.

Le parc de sculptures : Lipchitz, Deacon et Calder.

Comme beaucoup de musées, la donation d'un collectionneur va permettre de poser la première pierre si l'on peut dire. Ici, c'est celle de Roger Duteilleul, riche famille de négociants, passionné de peinture, mècène et acheteur à l'époque, nous sommes au tout début du 20e siècle, d'artistes inconnus comme Braque, Picasso, Léger, Modigliani et tant d'autres. Duteilleul va transmettre sa passion à un de ses neveux, Jean Masurel qui à son tour va s'enticher de Klee et Kandinsky en débutant sa collection avec leurs peintures, il y ajoutera aussi un enfant du pays, autodidacte, Arthur Van Hecke. En 1979, l'oncle et le neveu, ayant cédé leurs collections à la ville de Lille et à sa communauté, c'est un fond immense très représentatif de l'art du 20e siècle que la ville de Lille, récupère mais ne sait pas trop ou le placer. Son musée actuel étant très riche et bien plein elle décide de décentraliser les deux collections dans un nouveau bâtiment pour y accueillir tout ce beau monde, les fauves, les cubistes, les surréalistes vont faire copains-copains avec d'autres moins connus, plus régionaux.

Le LaM, une architecture qui s'intègre parfaitement dans le parc et dans l'esprit de la région.

On décide qu'il sera implanté dans la proche banlieue, à Villeneuve d'Asq et c'est l'architecte Roland Simounet qui est choisit pour la construction. Il va bien évidemment utiliser la brique, mais avec humilité et une certaine idée du contenu, un bâtiment long et bas avec de drôles de cheminées qui en rappelle d'autres.

Puis, en 1999, l'association Aracine, légue au musée sa colleciton Art brut riche de 4000 œuvres la plus importante de France. Pour l'abriter la nécessitée d'agrandissement est devenue une priorité. En 2002 on va faire appel à Manuelle Gautrand pour restructurer l'ensemble muséale mais aussi pour l'ajout d'une extension destinée à l'art brut. Adossés à la façade nord, 5 doigts blancs se terminant par une ouverture sur le parc dissimulés derrière une résille de béton, une étrange structure organique qui rompt avec la brique pour abriter la collection d'Art brut.

La partie destinée à l'art brut

Entre les deux bâtiments, un sas vitré ouvert sur le parc permet au visiteur de passer d'une architecture à l'autre, de la brique au béton, de la lumière à la pénombre artificielle, de salles au carré et bien ordonnancées à des espaces sinueux et chaotiques comme l'étaient les artistes de l'art brut. La réouverture se fait en 2010 avec un nouveau nom Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut . Fin de l'histoire… pour le moment ! Le LaM, c'est 11 000 m², 4000 m² d'expostion.

Le LaM, c'est aussi et d'abord une rencontre libre et exceptionnelle avec l'art. Quatre mille cinq cent œuvres variées des 20e et 21e siècles au travers de trois collections non moins exceptionnelles.

Entrons dans le musée divisé en trois grandes parties avec la première collection,les artistes du début du 20e siècle.

Elle est constituée de sacrées références, dans un décor de blanc, de puits de lumières, d'ouverture sur la végétation et de sol en bois lamellés.

L'entrée et le Petit éclaireur de Braque.

Les plus grands sont là ou presque, tous ceux que j'aime, Georges¹ avec son Petit éclaireur ou ses Maisons et arbre, Henri² avec ses Bouteilles et ses Instruments, Pablo³ avec son Bock, sa Nature morte espagnole ou son Homme nu assis, sans oublier les copains de la mouise Fernand⁴ le costaud avec sa Femme au bouquet ou le fameux Mécanicien, Modi⁵ le fragile et son Nu assis à la chemise comme lui seul a su peindre des nus.

La femme lippue, Lapidation et encore Braque.

Femme lippue de Kees⁶ enfin la vraie toile tant attendue et tant aimée.
Plus loin André Derain et Kandinsky font bon ménage avec Paul Klee. Buffet nous la joue Lapidation tandis que Lanskoy nous la fait Toile abstraite.

2 petits lapins de Barry Flanagan

On se promène tranquillement d'une salle à l'autre bien loin du tumulte parisien.
J'ai tout le loisir à contempler seule quelques merveilles dont le fameux Nu de Modi⁷ ou sa Maternité sans oublier le portrait de son copain de mouise Moïse⁸.
On passe ensuite dans la deuxième collection, celle d'art contemporain. là, le sol est parfois carrelé en blanc, ponctué d'ouvertures sur le parc et d'agréables zones de repos avec canapés et consultation sur ordinateurs.

Une collection très éclectiques avec des espaces thématiques ou des accrochages permettent de comparer certaines démarches, telle Annette Messager avec Faire des cartes de France plein d'humour et de poésie en regard de La Biennale de Venise de Boltanski. Adami, un de mes préférés est aussi présent ainsi que Buren avec une conception très lumineuse et joyeuse.

La biennale de Venise de Boltansky - Au-dessus, Buren, Atlan et Adami

C'est un espace ou l'on perçoit toutes les subtilités et mutations, les grands mouvements artistiques et les questionnements qui à eux seuls font et refont la création de notre époque tumultueuse.

Parmi les plus connus Villeglé et ses décollages d'affiches avec DC Lille rue Littré, on ne peut faire mieux, le ténébreux Soulages et sa gigantesque huile sans nom, François Dufrêne qui fait aussi dans les dessous d'affiches, j'ai déjà cité Annette, Buren et ses Trois Cabanes éclatées en une, Daniel Dezeuze, le fils du père, artiste pilier de Support/Surfaces. Atlan et ses énormes Perfect Vehicles.
Puis mes pas m'amènent naturellement dans ce fameux sas qui permet de passer dans la collection d'art brut.

Entrée de la collection Art brut et un petit coin de verdure.

Pour parler de cet "art brut" on ne peut faire appel qu'à Jean Dubuffet qui a choisi cette appellation pour un phénomène appartenant à l'art du 20e siècle. C'est un de mes artistes préférés, je hante souvent sa fondation bien cachée rue de Sèvres et souvent sa donation au Musée des arts décoratifs.
Ce sont des œuvres fragiles au sens réel du terme et sont donc renouvelées tous les quatre mois afin de les préserver.
Une scénographie réussie pour présenter le grand rouleau d'Aloïse Corbaz, les compositions faites de récup ou de coquillages de Maisonneuve, Forestier, Wölfli ou José Virgili dont son Visage-soleil est l'emblème de L'Aracine.
Pujolle et son Astronome, Maisonneuve avec la fameuse Reine Victoria. Les fameuses fleurs de la non moins célèbre Séraphine Louis. Les étranges fillettes de Darger, les bizarres architectures de A.C.M.

Un parcours émouvant de salle en salle qui nous interpellent dans notre humanité.
Outre ses trois collections, le LaM offre une programmation d'expositions temporaires ainsi que des activités culturelles donnant la parole à la création contemporaine avec des ateliers et visites pour tout public. Bien sûr des conférences des performances et des concerts…
Le LaM c'est aussi une bibliothèque-centre de recherche avec 40000 ouvrages sans oublier un délicieux café restaurant histoire de se poser entre les collections.