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CAMBODGE - Phnom Penh

C’est tout sauf une ville comme on peut l’imaginer. Pareille à une vieille femme elle a encore de beaux restes du temps ou elle était la capitale de l’Indochine. 

 

Une ville pas si vieille que cela puisqu’elle est née en 1435 au confluent des 4 rivières pour être baptisée une première fois Krong Chaktomunk ou plus facilement “La ville à quatre visages”  puis Wat Phnom Daun Penh ou "Colline du temple" en mémoire de la  Grand-mère Penh (Daun Penh) qui fit construire antérieurement au sommet  d'un tertre de 27 mètres de haut cinq statues du Bouddha.  

La Grand-mère Penh (Daun Penh) était une riche veuve qui avait certainement quelque chose à se faire pardonner. La pseudo colline est toujours là mais les bouddhas se sont fait la malle ! 

Elle ne devint capitale qu’après que Ponhea Yat roi de l’empire khmer abandonna Angkor Thom capturée par les ennemis jurés des khmers,les Siamois ses voisins. 

On peut encore voire derrière le Wat Phnom un stûpa abritant ce qui peut en rester du fameux Ponhea et de sa famille.  

19e siècle, Napoléon III et la France sont en guerre dans cette partie de l'Asie. La France grâce à sa stratégie militaire a vaincu l’Annam  tout en annexant la Cochinchine. En se faisant ami et en lui présentant tous les avantages de son protectorat, Napoléon III fait signer au roi Norodom un traité de protection lui épargnant ainsi l’asservissement au Siam. Le Cambodge intègre ainsi l’Indochine française de 1887 à 1949. Les accords de Genève en 1953 donnent son indépendance au Cambodge. 

 

Phnom Penh en 1887. 

 

C'est en 1891 que le relooking de la ville va prendre effet. Les paillotes qui en faisaient un gros village vont disparaître pour laisser la place à de grands travaux d'urbanisme. Des bâtiments surgissent un peu partout, le tribunal, des casernes, des banques, une poste et un hôtel de ville sans oublier une cathédrale comme toute ville française. 

 

Le Palais royal en 1931. 


 

D’elle on a dit que c’était "La perle de l’Asie" mais on était en 1920 ! Aujourd’hui la perle est effritée mais toujours vivante !  

Je ne vais pas faire un cours d’histoire, Wikipedia sait le faire mieux que moi ! 

Ce qui surprend d’abord quand on débarque à l’aéroport c'est l'immersion brutale dans un flot intense de bagnoles, motos, tucs-tucs et vélos circulant comme des dingues, se servant du Klaxon à tout bout de champ pour s’annoncer ! La chaleur est torride et ajoutée à la pollution vous donnent de sacrées sueurs !et gloup une gorgée de CO2 ! 

  

 

Les feux, eux, ne sont présents que sur quelques grands axes en vous indiquant le nombre de secondes si vous prenez le risque de traverser ! Ailleurs on prend son courage à deux mains et on avance tranquillement sans s'arrêter le bras tendu et ouf on est de l'autre côté de la rue saine et sauve ! Jamais d'insulte d'oiseaux ou d'incivisme ! on garde son calme et en prime on a un grand sourire ! 

 

 

Le cambodgien ne marche pas ou très peu, il a un vélo, puis une moto et s’il devient riche une bagnole, c’est vraiment les pauvres qui utilisent leurs pieds comme moyen de locomotion.  

Ah j’oubliai, détail important la ville (comme dans les autres) ne possède pas de transports en commun faute d’argent dans les caisses. Aussi les chauffeurs de tucs-tucs sont constamment aux aguets et vous proposent leur service en vous hélant gentiment.Ils ne comprennent pas pourquoi ces européens si riches marchent à pieds ! 

 


Les fameux tucs-tucs servent pour se déplacer à 2, 3 ou 4 et lorsqu’on est seul et que l’on est un peu aventurier on prend une moto dop ! Pour les transports en commun c'est une sorte de tuc-tuc géant ou l'on peut s'asseoir  à une dizaine, sinon quelques taxis mais ils sont rares. 

La ville a quelques richesses architecturales du style Art déco, héri-tage du colonialisme, encore debout et certains dans un piteux état !

 

La poste défigurée par des panneaux publicitaires.

 

La Grande poste retoilettée récemment, et juste en face l’hôtel Manolis délabré à souhait ou notre fameux ministre de la culture mais aussi écrivain et pilleur de temples fut mis en résidence surveillée. 

 

Grandeur et décadence, l'hôtel Manolis. 

 

On peut y voir aussi la mairie qui fut un temps l'évêché. La cathédrale elle a été rasée par les khmers rouges. Une belle bibliothèque remise en état et quelques beaux hôtels toujours aussi prestigieux que par le passé. 

 

La bibliothèque en 1930 et aujourd'hui.

 

La ville est un écheveau indescriptibles de rues et ruelles souvent en terre battue ! Seulement 4 grands boulevards traversent la ville et sont baptisés d'un nom de roi.

 

 

L'ensemble des rues portent un chiffre pour les identifier. Les immeubles n'ont pas été nettoyé depuis belle lurette, se côtoient de pauvres habitations et de belles maisons derrière leurs grille. Ici on est en plein paradoxe !Quelques riches cambodgiens ont entrepris la rénovation de certaines cachées derrière de hauts murs!  

  

A quand le prochain ravalement ?        
 

 

 

 

L’eau courante y est tout juste présente et pas potable comme dans l'ensemble du pays. Quant à l’électricité à voir les pylônes, çà craint sévère ! Parfois  on s’arrête sur de belles maisons mais souvent en triste état ou complètement remises au goût des khmers. 

 

 Et les disjoncteurs ?

 

Quand on se balade dans la ville, on est constamment sur la chaussée vu que les trottoirs défoncés servent de parking aux énormes 4x4 japonais. Les voitures vous frôlent, les tucs-tucs klaxonnent et vous évitent avec un grand sourire étonné de voir un piéton aussi hardi. 

 

Que choisir  en pyjama ? 

 

Les rues sont toutes bordées de commerces à touche-touche qui va de la vente de pièces détachées au téléphone cellulaire, pratiquement tout cambodgien à son portable, en passant par le matériel électroménager, mais pas de lave-vaisselle en vue. 

 

Sans commentaires et de plus à l'entrée d'une pagode ! 

 

Les poubelles publiques ont rendues leur âme il y a belle lurette et on peut voir de rares "techniciennes" nettoyer certains endroits. Sur les promenades qui bordent les grands boulevards (mais pratiquement vides de piétons) on voit des femmes toute de noir vêtu petite balayette à la main y faire un nettoyage sans cesse répété. Le soir quelques camions voiries off course ramassent les ordures dans les avenues les plus importantes. 

 

 

Pour donner de l’air à la ville, les rives du Mékong et du lac procurent un souffle rafraîchissant quand la température atteint les 40° ! Le quai Sisowat est le rendez-vous le soir à la fraîche. Par contre, là, tout est nettoyé, cela fait bizarre tellement on est habitué à voir des détritus de toutes sortes !  On s’y balade en famille, on y prend l’apéro, on regarde passer la foule. 

 

 

 

Un seul parc dans la ville, La colline du temple toujours là mais avec de vrais bouddhas, portables à la main se faisant photographier en souvenir ! C'est aussi un sanctuaire sacré le plus ancien de la ville. On peut aussi y voir une statue de la fameuse Mme Penh kitch et colorée à souhait. 

Au plus chaud de la journée, à 14h à l'ouverture, Je visite le Palais royal et de ses jardins. On peut ensuite passer au Musée national qui a de quoi vous donner moins de suées  ! 

  

 

Que dire du Palais royal, ville dans la ville avec ses bâtiments construits sur les décombres d’une vieille citadelle au milieu du 19e siècle. 

 

 

Une première construction par le roi de l’époque Ang Chan II la Citadelle de cristal mais en 1834 l’armée siamoise détruit la ville et du même coup la citadelle disparaît dans les décombres. 

Il faut attendre  1866 avec le protectorat français pour que Norodom Ier puisse aménager avec ses 45 épouses un palais digne de ce nom !  

  

  

 

C’est une belle démonstration de l’art khmer sur une superficie d’a peu près 402 sur 435 mètres. On y trouve une Pagode d’argent, un palais du Trône, un temple du Bouddha d’émeraude, un pavillon Napoléon III qui accueillit en son temps la belle impératrice lors de sa tournée pour fêter l’ouverture du canal de Suez. 

 

 

Il est actuellement en cours de rénovation. L’édifice le plus remarquable de l’ensemble, le Pavillon du claire de lune sert de scène pour la danse classique khmer. 

  

               

 

Des stupas en nombre incalculable, de très belles portes fermant des mystères et des fresques en plus ou moins bon état que des étudiants de l’école des beaux arts toute proche restaurent consciencieusement. 

 

 

 Les élèves de l'école des beaux-arts en plein travail de rénovation des fresques.

 

 

 

La résidence personnelle du roi est le palais Khémarin, il est séparé des autres bâtiments par un minuscule muret. Tous ces édifices sont entourés de beaux jardins fleuris. Petit détail, l'entrée est payante, 6,5 $ mais le buddha veille pour vous assurer la meilleure visite. 

 

 

 

Avec ma passion pour les musées je peux dire que celui-ci est splendide à tout point de vues. Il a été construit de 1917 à 1924 par Georges Groslier à la demande d’Albert Sarrut alors gouverneur de l’Indochine pour remplacer celui trop exigu qui jouxtaitle Palais royal.  
  

 

 

Il est inspiré des temples khmers, composé de quatre galeries entourant un patio aux bassins de lotus  magnifiques. 

 

 

 

Les collections sont impressionnantes et vont de la préhistoire avec de beaux objets en bronze pour ensuite trouver des statues du IVe au XIVe siècle.  

En fin de parcours des objets plus récents de la vie courante mais aussi religieuse. 

 

 

 

Un ensemble unique de statues bouddhistes et hindoues de l’époque post-angkorienne a été mise en place financé par l’Unesco et des particuliers pour ouvrir il y a une douzaine d’années. 

Auparavant tout ce petit monde dormait dans des réserves poussiéreuses  Une très belle bibliothèque riche en livres anciens dont certains sont faits en feuilles de palmiers. 

 

                            Mais que se racontent-ils ?  

Pendant une heure, une guide parlant français m’a expliqué les subtilités du “Barattage de la mer de lait” et autres visages du Bouddha-roi et du Bouddha-dieu pour compléter mes études en  histoire de l’art datant de quelques décennies. Petit topo sur les 3 religions khmers, l'anamisme, l'hidouisme et le boudhisme, histoire de ne pas se mélanger dans tout le panel des dieux et de leurs copains. 

Excellente entrée en matière avant de se rendre sur place à Angkor. 

 

 

 

Un matin après un délicieux petit-déj au bord de la piscine, le plan de la ville en main, je m'aventure vers le Marché central, je croise beaucoup d’écolières en uniforme mettant tout le monde sur le même pied d’égalité.  

 

 

Très beau pavage datant de l'époque coloniale. 

 

Beaucoup d’enfants ne sont pas scolarisés surtout en dehors des villes. L’école n’est pas gratuite, des taxes sont payées par les parents afin d’assurer l’enseignement de leurs enfants et versées au maître ou professeur, il faut dire que celui-ci perçoit un salaire de 20 dollars par mois et donc a un deuxième métier pour faire vivre sa famille.  

 

Le barbier est parti déjeuner et le chauffeur fait la sieste. 

 

En ville, les enfants vont plus facilement à l'école mais à la campagne du fait de l'absence d’infrastructures permettant un semblant de ramassage scolaire, l'illétrisme à la vie rude. Les familles en général peuvent assumer seulement l’école pendant 3 ans à un ou deux de leurs enfants. 

Il faut dire que la population est à 80% agricole et 45% des femmes sont illettrées. Un jour, durant mon séjour, on célébrait la Journée de la Femme ! 

 

 

 

Comme dans toutes les villes du pays et d'ailleurs,le plus passionnant sont les marchés. A Phnom Penh, le Marché central qui est aussi un vestige de notre protectorat est immense. Il fait penser à une immense soucoupe volante posée au milieu de la ville. Il est actuellement en cours de restauration. 

 

 

 

Comme tous, il est pratiquement ouvert tous les jours de 7h à 17h. C’est un capharnaüm indescriptible, deux mille stands pour y trouver de tout, on va chez le coiffeur, chez la couturière ou l'on vous couds et brode des merveilles pour princesse sur d'antiques machine à coudre encore à pédale, on se fait faire une manucure, on y mange, on achète de l’électro-ménager, de la vaisselle, des fripes mais aussi de la viande, des poissons vivants et prêts à être occit. 

 

 

 On se fait faire une beauté, un masque pour raffraichir. 

  

 Beauté des pieds à la chaîne ! 

 

Des montagnes colorées de fruits magnifiques, des amoncellements de légumes pas tous inconnus. Des tas de poissons et des crevettes séchés vous offrent leurs splendides parures mais attention l'odeur ! 

Au centre, sous la coupole des dizaines de stands de bijoux pour repartir comme une reine avec des bijoux jusqu'aux chevilles ! 

 

  

Belle nature morte bien séchée ! 

 

La chaleur mêlée aux odeurs fortes vous assaillent les narines et vous donnent presque le vertige,le bruit intense vous fait tourner la tête, ou suis-je ? L'instant est unique. 

C’est là que l’on peut acheter ses souvenirs. Moi j’ai adoré les kramas sorte de foulards en coton et à carreaux que les femmes portent sur la tête.

 

 

Des étals de graines inconnues et surprenantes comme celles de lotus qui ressemblent à des noisettes et sont délicieuses à l’apéro.Le poivre blanc de Kampot a un énorme succès 

 

La bouchére au travail. 

 

De beaux poulets jambes bien raides pour un ballet sans lendemain. 

 

De la vaisselle en veux-tu en voilà ! 

 

Le poisson séché à beaucoup de succès. 

 

Cantine non stop. 

 

On occit le poisson avant de l'emporter !   

 

Pour trouver chaussure à son pied ! 

 

C’est un monde dans la ville, ça grouille, ça crie, ça s’interpelle, ça marchande dur, les billets passent vite d’une main à l’autre et l’on recompte inlassablement ses riels ou ses dollars.  

J’y ai aussi mangé des gâteaux délicieux de bananes et de noix de coco ! j’en salive encore. 

La plupart du temps, au plus chaud sur le coup de 13h, pause dans un restau au calme d'un jardin près du monument de l'Indépendance en retrait du boulevard.  

  

  

 

Je suis la seule européenne, la clientèle essentiellement asiatique. De délicieux plats végétariens, le frais des arbres, le personnel jeune ne comprenant pas bien mon anglais et moi le leur, des fous rires inoubliables ! 

Dans la ville, les pagodes ou Wats sont nombreuses  mais ont beaucoup souffert sous les khmers rouges qui les ont pratiquement détruites. Partir à leur découverte est passionnant.  

C'est ce que j'ai fait le troisième jour, un matin et toujours le plan en main. Direction Wat Svay pas très loin de mon hôtel. 

 

  

 

On dit qu'elle fut construite au 15e siècle mais certainement remaniée au 20e. Une gentille dame, peut-être la concierge m'a accompagnée durant ma découverte dans un joli parc. C'est ici que l'on recceuillait autrefois les cendres des membres de la famille royale. Le nombre impressionnant de stupas est là pour l'affirmer.

Par des rues tranquilles j'atteins Wat Langka près du Monument de l'Indépendance. Petit tour, le calme, des fauteuils me tendaient les bras, j'en profite pour faire la pause. 

 

 

 

 

  

Ma cantine préférée étant tout près, je me pose à l'ombre dans le jardin pour un déjeuner composé de légumes grillés. 

Et hop, je repars vers mes pagodes ! La prochaine c'est Wat Bottum pas très loin du Palais royal. Sa construction remonte aussi au 15e siècle et a été rénovée récemment. Le stupa principal parait-il contiendrait des cendres du Bouddha. Belle balade à travers une forêt de dômes dorés.  

Pour finir, encore dans le coin, l'élégant et précieux Wat Saravan aux belles fresques. 

 

  

 

J’ai pénétré dans des enclos sacrés, des moinillons m’ont accompagné dans des promenades pleines de mysticisme et de spiritualité, j’ai pu contempler dans le silence des beautés insoupçonnées et méditer à l’ombre propice d’un arbre inconnu à l’avenir de ce pays !  

Le chemin est encore long pour la plupart d’entre eux mais le peuple est joyeux et vous mets du baume au cœur. Je leur fais confiance, ce sont de sacrés bosseurs. 

Demain, je prends le bus pour Siem Reap. Pas de chemins de fer, tout se fait avec les différentes compagnies qui sillonnent le pays. Tout un programme, 400 km et la journée pour le faire ! 

 

 

 

 



01/10/2015
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