SIEM REAP LA PORTE D'ANGKOR
C'EST UNE VILLE INRACONTABLE,
UN PEU WESTERN, UN PEU ASIATIQUE,
UN PEU COLONIALE.
On n’en finit pas d’arriver à Siem Reap, une route interminable bordée d’échoppes en tout genres, de la poussière, beaucoup de poussière et enfin la gare routière, terminus.Un tuk-tuk m'attends direction l'hôtel pour du repos bien mérité après 5 heures de route dans un bus un peu cabossé avec karaoké non-stop !
Des deux cents malheureux touristes à Siem Reap au début du 20e siècle au plus de 3 millions en 2013, c’est un nouveau Disneyland en voie de développement !
De la défaite d’une bataille contre le Siam son voisin et son occupant illégitime (c’est la traduction en khmer) à l’arrivée au début du 20e siècle des premiers colons européens pas beaucoup de choses à raconter. Quelques maisons de bois et de paille au bord de la rivière, un pont de bois branlant, une population vivant de la pêche avec le lac Tonlé sap tout à côté.
La cité servait surtout d’accès à Angkor lieu de pèlerinage bouddhique qui n’avait jamais cessé pour sortir du cliché "découverte d'Angkor". Le protectorat français va quand même améliorer le quotidien en construisant à tout va une poste, une prison, un hôpital, vint ensuite un Grand hôtel et son parc et puis surtout une véritable route la N6 la reliant à la capitale Phnom Pen.
Le grand hôtel hier et aujourd'hui.
La citadelle en 1902.
Puis, vers 1930 la ville s’étend, une résidence royale, un tribunal, un stade, des écoles, des marchés couverts et aussi des rues viabilisées à l’architecture de l’époque tout cela près de la rivière. Des pagodes voient le jour le long des rives, la bourgade devient une ville prospère et les chinois débarquent pour le plus grand plaisir de la population.
Des maisons sur pilotis et marchandes de poissons.
Le pont de bois aujourd'hui disparu.
Depuis, hélas les choses ont beaucoup changé. La ville-jardin a disparu pour laisser la place à un urbanisme plus que galopant et à la structure dense et anarchique. Les bâtiments de l’époque pour la plupart ont disparu, rasés pour faire place à des baraques au commerce intensif, seuls quelques uns ont survécus autour du vieux marché mais encore faut-il lever la tête ! Les quelques rescapés comme la Poste et le Grand Hôtel ont eu un sérieux relooking. Parfois au détour d'une rue une maison interpelle par sa beauté toute simple, rare !
Le jour… et la nuit !
Des façades plus que défraîchies, des câbles électriques qui dessinent une immense toile dans le paysage urbain. Les pagodes, elles, ont survécu même à la vague rouge, elles sont toujours là le long de la rivière offrant des havres de paix aux touristes enfiévrés.
Les hôtels de luxe eux ont pris possession le long de la N6 dans un halo de poussière ocre, le bourdonnement incessant des voitures et les Klaxons intempestifs de la foule de 2 roues. Luxe, calme et volupté ce sera pour plus tard !
La plupart des trottoirs sont défoncés et servent de parkings aux voitures des commerçants dont les boutiques sont à touche-touche, la grande majorité des rues sont en terres battues et n’ont pas vue depuis belle lurette un nettoyage ad hoc ! quelques poubelles ici et là, et l’on peut apercevoir parfois une femme armée d’une balayette et d’une pelle ramasser les ordures !!
La façade et la salle aux mille bouddhas.
Depuis 2007, un splendide Musée national financé en grande partie par la Thaïlande dont les pièces maîtresses proviennent de celui de Phnom Penh. C’est un passage obligatoire avant de partir à l’aventure sur le site d’Angkor. Une époustouflante salle “aux mille bouddhas” dans leurs niches ornent les 4 murs de la salle revêtue de rouge. Le plus précieux est le Bouddha en méditation entouré de najas en provenance d’un temple de Takeo. Merveilleux aussi le Bouddha couché en plein nirvana ! Une autre salle que j’ai beaucoup aimé est celle dite des “costumes” un impressionnant défilé de sculptures ou l’on peut admirer la finesse des plissés des pagnes.
Transports en tout genres !
Ce qui est passionnant ce sont les marchés comme dans toutes les villes asiatiques. C’est là et autour que tout se passe. Pour moi le plus intéressant est le “vieux marché” qui existait déjà à l’arrivée des colons au début du 20e siècle. Il a été détruit et reconstruit, l’architecture n’est pas aussi attractive comme à Phnom Pen ou à Battambang.
C’est une immense halle au toit de tuiles. Quand on y pénètre, on est bien sûr surpris par les odeurs qui vous titilles les narines pas du tout habituées à ces fragrances ! c’est un dédale incroyable, un véritable labyrinthe de boutiques inimaginables souvent pour nos yeux d’européens.
On flâne, on goûte.
Comme partout on y trouve les couturières, les coiffeuses, les bouquinistes pour y dénicher la fameuse bible photocopiée indispensable de Maurice Gleize “Monuments du groupe d’Angkor” avec elle vous saurez tout ! Bien sûr les bijoux, les cambodgiennes en raffolent tout comme les touristes !
Beauté des pieds en série !
J’ai adoré en fin d’après-midi m’y perdre, manger un divin gâteau à la banane, fouiller les montagnes de chaussures, admirer la gestuelle précise du tourneur d’ivoire, observer la petite couturière enfiler des minuscules perles pour un habit de princesse, et puis aussi les cantines qui pullulent en vous offrant de quoi satisfaire votre faim et votre curiosité gustative. Des étalages d’épices connues et inconnues dans leurs sachets, un régal pour les yeux et pour le nez !!
Un petit sac bien connu et bien loin des Champs Elysées !
D'adorables petites chaussures
Des poulets prêts pour la revue,
et des pommes comme chez nous !
La rue aux restaurants à touche-touche !
Tout autour de ce marché qui ferme à 18h un enchevêtrement de ruelles pour satisfaire les touristes. Des boutiques artisanales, bien que l’on retrouve toujours les mêmes choses, tenues en grande partie par les chinois, des restaurants en tout genres pour nourrir la foule et puis des pharmacies bien spéciales, des boutiques de sacs et chaussures en croco, des élevages de ces charmantes bestioles dans les environs de la ville.
En vrac, un massage en série…
et un tube d'aspirine !
Des salons de massage et de fishfoot, ou des touristes bien sages trempent leurs petons dans un grand aquarium pour le plus grand bonheur des piranas qui se délectent !
Une circulation d’enfer, des voitures et des deux roues qui jouent à se faufiler dans une cacophonie irréelle digne de Boulez ! Des cafés de l’époque héroïque aux noms nostalgiques comme le "Grand café" ou le "Malraux" ily fait bon le soir à siroter un margarita en se remémorant les splendeurs et la fatigue de la journée.
Voilà un petit tour d'horizon de la ville, pas grand chose je vous l'avais dit, sauf cette ambiance très particulière des villes asiatiques qui vous donne souvent le tournis mais aussi des moments intenses de bonheur.
Que ma prière soit quelque part exaucée, faites que la ville ne devienne pas un immense Disneyland pour le malheur de touristes en mal d'exotisme.
Quelques mots pour remettre les pendules à l’heure. Siem Reap ne présente un intérêt que pour son accès au site d’Angkor et pour son musée. Sur les sites, absence totale de gardes pour mettre un peu d’ordre et éviter que certains touristes en prennent trop à leur aise, la plupart oublient qu’ils sont sur un lieu sacré et qu’un minimum de décence et de correction sont indispensables pour la pérennité des temples. Il y a beaucoup à dire sur le fonctionnement, sur l’entretien et la rénovation.
Les forfaits sont assez prohibitifs pour visiter ne serait-ce qu’un jour mais que peut on voir en un jour ? Quand on sait que plus de 3 millions de visiteurs se rendent à Angkor à raison de 30 $ par personne on peut se poser des questions sur l’emploi d’une telle recette quand on constate l’état du pays, les temples eux, sont pris en charge par certains pays, aucun ne l’ait par le Cambodge !
Très peu d’infrastructures routières et souvent en mauvais état sauf une autoroute entre Shianoukville et Phnom Pen, pas de transports en commun dans les villes, absence totale de système d’épuration et de traitement des eaux, résultat tout le monde boit et consomme de l'eau en bouteille. Le tout à l'égout date des colons et n'a pas suivi l'évolution urbanistique. Durant mon séjour d'une semaine, un camion a percuté un pylône électrique et la ville fut privée durant 2 jours d'alimentation sauf les hôtels qui ont tous un groupe électrogène.
Absence complète d’enseignement dans les campagnes, dans les villes on peut dire qu'il est payant, illettrisme à soixante pour cent de la population, des associations humanitaires prennent le relais dans beaucoup de domaines. Mais alors que fait le gouvernement pour sortir son pays du chaos, ah oui j'oubliais les panneaux bleus tous le long des routes vantant le seul parti politique ! telle est la question que l’on peut se poser après avoir été en admiration devant des merveilles qui ne le sauront peut-être pas pour longtemps.
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