ICI, LÀ ET AILLEURS

C’est une petite gare assoupie au pied du plateau de Millevaches au milieu des landes, des lacs et des forêts à 740m d’altitude. 
Elle n’a jamais vu un TGV et n’en verra jamais.

 
Les herbes folles ont envahi les voies et les aiguillages sont endormi pour toujours.

Elle est par contre en admiration devant la magnifique chaîne des Puys qu'elle contemple sans se lasser 365 jours par an.
Elle en voit des trains qui vont loin mais ne s’arrêtent pas souvent, des trains qui vont pas loin et qui s’arrêtent moins souvent.

Plus grand monde sur les quais, ils sont tous en bagnoles et le train pour eux c’est trop compliqué, il faut arriver à l’heure, composter son billet et bien le faire, drôle d’époque ou on va trop vite, il y a les irréductibles mais eux ne prennent plus le train, ils disent la "micheline pour Ussel, c'était une costaude".

Bien sûr pas de bar, ni de relai journeaux. Pas de salle d’attente pour voyageurs en transit, d’ailleurs d’où viendraient-ils ?
Le Clermont-Ferrand-Bordeaux Saint-Jean, le Clermont-Ferrand Brive-la-Gaillarde, un autre pour Montluçon, et un autre pour Limoges.
Un car souvent assure la liaison pour Ussel, la capitale du coin.

 Hier…

Pourtant elle a eu son heure de gloire, dès son ouverture au public en juin 1877, avec l’ouverture de la ligne Tulles- Ussel Clermont et quelques années plus tard la ligne venant de Paris par Montluçon avec un train par jour. Négociants, représentants, marchands affluent des quatre coins de la région et d’au-delà.

 … Aujourd'hui.

Dix sept quais pour recevoir voyageurs, marchandises et marchands, 13 hôtels, des commerces de bouches, des bouchers, 2 maréchals-ferrands.
Dans les années 50 on construisit le barrage de Bort-les-Orgues et l’activité déclina rapidement au fil des ans.
Autre époque, autre mœurs, l’automobile pour tout le monde et voilà nos gares de campagnes en train de disparaître.

C’est une petite gare assoupie parmi les landes et les forêts qui se souvient avec nostalgie de ses heures de gloire.

Depuis 2014 la gare faute de crédit ne fonctionne plus, un service autocars assure définitivement la liaison vers Ussel.

Pourquoi je vous parle de cette gare oubliée dans les landes et les forêts ?
Un hommage à mon arrière grand-père qui entre 1866 et 1877 posa les premiers rails de la ligne Clermont-Limoges avec ses ouvriers et construisit la gare ou il y mourut d’une crise cardiaque en 1880.