ICI, LÀ ET AILLEURS

ICI, LÀ ET AILLEURS

PARIS 2e - Harry's New York Bar

 

"Happy birthday to you Harry’s", toujours aussi mince, toujours aussi chic avec cent deux ans au compteur, bravo l’Américain à Paris !

 

J’adore le lieu et si je n’avais qu’un seul objet à garder ce serait le bar, disons le comptoir, toujours fidèle au poste, patiné par les ans et les mecs qui s’y sont accoudés dans les brumes maltées et tabacées.


Le proprio en 1911 c’est un certain Tod Sloan un vieux jockey venu se reconvertir chez les Frenchies en ouvrant dans le quartier de l’Opéra "Le New York Bar" sur les cendres d’un minuscule troquet. 

 

 

Le Tod, il a flairé l’affaire avec toute la bohème américaine débarquée depuis peu dans Paname sans oublier les touristes en goguette.

 

En direct de la Pomme, son pote Clancy, tenancier à Manhattan lui envoie un super comptoir, qui prohibition dans l’air à un avenir moins noir à Paname.
C’est la pièce maîtresse du bar et c’est toujours la vedette, toujours de blond vêtu et toujours aussi râblé et patiné par les ans.
Sloan, question chevaux en connaît un rayon, mais question shaker n’en becte pas une louche.
Pour contrer son manque de culture il va embaucher Harry Mac Elhone un écossais pur blended qui vient de débarquer fraîchement de la City.

 

 

 

 C’est le succès, les clilles en odeur de sainteté accourent pour se noyer dans l’ambre d’un bon verre bien tassé tout en rêvant d’une Amérique bien lointaine. Les cocktails vont bon train que ce soit le White Lady, le Bloody Mary ou le Harry Pick Me Up, on adore et on en redemande !

 

Après le carnage de la Première guerre mondiale, allez savoir pourquoi, Sloan est ruiné, et tout naturellement c’est le mec derrière le comptoir qui prend la relève !
En 1923, Harry rachète le bistroquet et aussitôt change le blaze en "HARRY’S BAR".
On est en plein dans les Années folles, les américains et les parisiens veulent faire la java à tout prix, ont de plus en plus la pépie, le troquet ne désemplit pas jusqu’au petit matin blème et frileux en toute saison.

 

  

 

On retrouve toujours les deux mêmes gnaces alcoolos géniaux de l’époque, Hemingay et Fitzgerald aux anecdotes sans fin et aux godets toujours pleins.
Mais on ne fait pas que lever le coude au Harry’s !
Un vent de patriotisme y souffle parfois entre deux glass ! On inaugure ici le straw vote ou vote de paille qui s’avérera très efficace comme institut de sondage ! seuls deux résultats n’ont pas collés à la réalité, allez savoir lesquels ?
Toujours en recherche de clients, faut pas oublier que le patron est écossais, Harry n’hésite pas à publier dans un canard londonien un slogan qui fera son chemin “Just tell the taxi driver: Sank Roo Doe Noo!” “Taxi, 5 rue Daunou !”

 

 

  

 

 2013, le plafond est toujours aussi bas, les boiseries sont de plus en plus sombres, les fanions et blasons d’universités ont de plus en plus mauvaise mine, les gants de boxe ne mettront plus KO, les billets scotchés sont toujours là et le mythe est en train de se construire.

 

 

 

 

Toujours ou presque les mêmes derrière le bar à jouer du shaker. Toujours de blanc vêtu, le grand tablier blanc toujours d'actualité. Toujours aussi pro et toujours aussi zen.

  

 

L’ambiance est chaude surtout le vendredi soir fin de turbin, on s’interpelle, on échange des "How are you?" à n’en plus fini et des "Hello" qui en disent long.
Plus de tabac mais toujours des godets, des nouveaux cocktails, le James Bond, mon préféré le Blue Lagoon que l’on siffle à deux, le Christina ou le Liberty.

 

  

 

Des lumières si basses qu’elles ne peuvent qu’entretenir la confidence, le piano en sous-sol qui se la joue mélodie, le hot dog immuable que l’on cartouche dans la nuit, le petit matin ou l’on laisse ses illusions pour regagner ses pénates et rêver à ses potes Antoine, Jean-Paul, Ernest et Francis* que l’on vient de quitter !
Si vous passez dans le coin le jour vers midi, n’hésitez pas à franchir la porte pour déjeuner d’un excellent sandwich et d’un très bon verre de vin ! Et oui, le Harry’s ne joue pas que le soir !

 

 

Classé meilleur bar en France en 2011 dans le "World'50 best bar international".

*Antoine Blondin, Jean-Paul Sartre, Ernest Hemingway et Francis Fitgerald.

 

5, rue Daunou, 75002 Paris - Tél. 01 42 61 71 14 - Ouvert du dimanche au jeudi de 12h à 2h, le vendredi et samedi de 12h à 3h. 



01/01/2013
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Voyages & tourisme pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 28 autres membres