ICI, LÀ ET AILLEURS

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QUIBERON

 

LES TOURISTES, QUIBERON LES CONNAIT DEPUIS LA NUIT DES TEMPS !

 

Cette langue de terre qui n’est pas vraiment une terre a vu défiler des hordes pas toujours aussi sages et bien moins fréquentables de celles qui aujourd’hui se promènent boulevard Chanard une niniche ou une glace au bout des doigts. Kerboeren c’est le bout de tout, le bout du monde face à la folie d’un océan pas toujours sage, le ciel en constante métamorphose jouant des opéras baroques, des petites plages secrètes cachées dans les rochers. Les maisons bien serrées de peur de s’envoler vers les Amériques tout en face !

 

On accourt de tous les coins

6000 ans avant notre messie, des nomades venus de l’est à la recherche de terres fertiles sont arrêtés par cette barrière liquide et inconnue qu’est l’Atlantique. 

Ces hommes et ces femmes se sont fixés sur cette terre faite surtout de granit et on dû certainement inventer des solutions pour survivre dans cette austérité ambiante. Ils ont aussi organiser le culte des ancêtres du fait de leur sédentarité et aussi délimiter leur territoire, choses nouvelles pour eux.

 

 

 

 

 

 C’est ainsi que les pierres levées, tumulus et allées couvertes ont vu le jour ici et là et sont toujours en plus ou moins bon état. Tombes collectives ou privées, chambres mortuaires, tables de sacrifices humains, on s’interroge toujours sur leur destination.

A la même époque que ces cairns, des pharaons mégalomanes érigeaint des pyramides pour leurs deuxième vie.

Plus tard, les Vénètes, ces celtes venus on ne sait pas trop d’où, par la mer c’est sûr, vont dominer tout le Morbihan par leur supériorité dans le commerce marîtime.
Cette Gaule prospère, fait des envieux. Kerboeren n’est pas épargné comme toute la Bretagne. Bref regard du côté de l’Italie ou règne un despote fou et sanguinaire.

 

 


Le Jules avec son armée bien disciplinée, ses tactiques guerrières innovantes va envahir tout le pays pour finir à Kerboeren, bataille mémorable contre les Vénètes, dont il n’en fit qu’une bouchée, si l’on peut dire.

La Gaule doit être romaine. Ave César ! Cela se passe en 56 avant le messie.
Long séjour des envahisseurs qui se feront jeter par la suite.
Puis en 400 et des poussières ce sont les Bretons qui arrivent tout droit de la Bretagne (nommée depuis Grande Bretagne) fichus à la porte de chez eux par les angles et les saxons.

 

 

 

En Armorique, ils se sentent at home, le climat, la mer, les petites gauloises ou les grandes celtiques, ils adorent. Ils ne sont pas reçus bien sur à bras ouverts, mais tout ce petit monde se mélange allègrement et s’intègre parfaitement, la preuve ils sont toujours là et on parle toujours leur langue. Ah, j’oubliais, dans leurs sacs ils introduisent le christianisme qui va avoir la vie dure avec les pratiques druidiques du coin, mais bof, c’est une autre histoire !

 

 

  

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 Les grands costauds et le duc Alain à la chasse.

 

 

Plus tard, au 8e siècle, les grands costauds aux nattes blondes venus du Nord sur leurs drôles de rafiots, débarquent dans le coin. On brûle, on pille et on repart avec un butin. Mais certains restent, fatigués du voyage.
Les vikings reviendront plusieurs fois, c’est le début du tourisme de masse.
Au 11e siècle, Kerboeren est toujours une île couverte d’une belle forêt ou l’on rencontre cerfs et autres petites bêtes. C’est le domaine du duc Alain III qui s’en donne à cœur joie en chassant avec ses copains.
Hélas, elle ne restera pas très longtemps boisée, les habitants abattent à tour de bras pour construire leurs habitations et aussi se chauffer, adieu pauvres cervidés dont les peaux servaient à relier les livres de la cathédrale de Quimper.
Fin de l’histoire, le sable ne sachant plus où aller vient se nicher entre l’île et la terre créant ainsi un tombolo comme disent ceux qui savent ! Aujourd’hui on l’appelle l’isthme. L’île n’a pas largué ses amarres et fini les rêves d’évasion lointaines.
Revenons à notre village qui s’appelle d’abord Insula vers l’an mille et qui ne se situe pas du tout à son emplacement actuel. Il est situé à l’époque plus à l’est au lieu-dit Saint-Clément qui sera pour longtemps la paroisse de l’île.

 

 

Nos chers voisins…

Quelques siècles peinards mais en 1746 ce sont les Anglais qui débarquent ! Une sombre histoire de succession dont le dernier empereur des Habsbourg en est le sujet principal, tout cela lié à des conflits coloniaux aux Amériques et aux Indes qui durent depuis belles lurettes. L’histoire l’écrit, nous n’avons jamais été très copains avec nos voisins.

 

 

 

 

Les Anglais furieux de ne pouvoir détruire Lorient et sa Compagnie des Indes se rabattent sur la baie de Quiberon site stratégique et lieu de passage de tous les navires faisant commerce avec les ports de l’Atlantique. Les troupes anglaises débarquent et ce sont 6000 soldats qui sous la tente vont faire séjour sur la presqu’île, le pillage et le viol vont pouvoir débuter !
Mais Zorro arrive en la personne du chevalier Oliver de Kermellec puis plus tard du duc de Rohan.
Durant deux ans ce seront des affrontements sur mer et sur terre, la presqu’île entièrement détruite et dévastée, mais heureusement, les troupes anglaises ne pénétreront pas au-delà de Carnac, Auray. Enfin, grâce à la stratégie de Kermellec et de ses troupes, les anglais seront chassés jusqu’à Houat. mais furieux d’avoir perdu la bataille, ils y mettront le feu avant de capituler.
Deux années comme on dit de “sac” qui serviront pour faire construire un fort afin de protéger l’entrée de la presqu’île. Adieu messieurs les Anglais !

 

 

 

1795, la révolution bat son plein. Les aristos sont passés par la veuve qui remplit bien et vite son rôle, mais d’après les on-dit, le peuple est déçu du spectacle, çà va trop vite ! Ceux qui ont pu se tirer vite fait en Angleterre, veulent revenir sur la terre de leur ancêtre afin de restaurer la monarchie qui mettrait fin soit-disant à cette satanée révolution.

Leur projet, soulever la Bretagne, cette province très religieuse et très proche de la Monarchie. Ils persuadent si bien ces messieurs les anglais que ce sont 5400 émigrés royalistes embarqués sur la flotte anglaise qui débarquent d’abord à Carnac. Le téléphone arabe de l’époque a bien fonctionné car 12000 chouans se joignent à eux. Hélas, la discorde entre français, anglais et chouans va causer leur perte.

  

 

 

 

L’armée républicaine avec à sa tête le général Hoche va réussir à repousser ce beau monde dans la presqu’île qui va se retrancher dans le fort de Penthièvre, très mauvais stratège. Hoche sans trop de difficultés va les assaillir et les faire prisonniers. Sont arrêtés 6233 hommes dont 748 seront fusillés à Auray, Vannes et Quiberon.
Fin de notre histoire, merci messieurs les anglais, au plaisir de vous revoir dans d’autres circonstances.

Voilà pour l'histoire.

 

Histoire de sardines… 

La deuxième gloire de Quiberon c’est la sardine ! bien sûr moins présente que par le passé mais enfin, Quiberon a détenu durant des lustres le titre de premier port sardinier !

 

 

 

 

C’est ici le commerce essentiel dont la pêche se développe à fond à la fin du 17e siècle.
A Quiberon, les hommes sont d’abord marins de l’État ou pêcheurs pendant les mois favorables. Les femmes raccommodent les filets et cultivent les maigres champs.

La sardine va devenir la ressource essentielle du 17e au début du 20e siècle. De mai à octobre les chaloupes vont sillonner les eaux entre Quiberon et la rivière d’Étel très riches en poissons de toutes sortes mais surtout la petite sardine qui s’y plaît beaucoup.
Une grande partie de la pêche est emportée directement par les chasse-marée qui expédient leurs cargaisons vers Vannes et Nantes, parfois Bordeaux.

 

 

 

Les chaloupes rentrent au port en fin de matinée. Le reste de la pêche est salée et pressée par les pieds nus des pêcheurs, mise en barrique pendant une dizaine de jours. C'est par cette méthode que l’huile du poisson est extraite. Une barrique contient à peu près 6 000 à 9 000 sardines et il faut 30 à 40 barriques pour extraire une barrique de 100 l d’huile.
C’est d’abord à Port-Haliguen où les bateaux débarquent qu’une dizaine de presses sont installées. Port Maria n’est qu’une petite cale servant de temps en temps d’escale à des navires de petit tonnage.

 

 

 

L’industrie sardinière c’est la bourgeoisie du coin qui la détient, d’ailleurs comme dans toute l’industrie par tout les temps. Les chaloupes par contre sont louées aux pêcheurs qui reçoivent leurs salaires des bourgeois, rogue déduite. Le commerce est très florissant et certains marchands s’enrichissent énormément. Pour se distinguer de leur famille, certains bourgeois rallongent leur patronyme comme Grégoire Le Toullec de La Falaise, rien que çà !
Pour protéger ce commerce, on construit quelques batteries le long des côtes, aussi bien côté baie que côté du bourg de Locmaria qui peut à peu va devenir très important. La côte sauvage est à elle toute seule une défense naturelle avec ses falaises à pic.

A la fin du 19e la conserverie va se développer grâce à la découverte du chimiste Appert qui va permettre la stérilisation des aliments. Quiberon va ainsi devenir le premier port sardinier de France avec une multitude d’usines à sardines. Les femmes vont travailler dans ces conserveries pendant que leurs hommes sont en mer. Mais ce qui va être déterminant dans cette industrie locale, c’est l’inauguration de la ligne de chemin de fer Auray-Quiberon en 1882. 

 

 

 La gare de Quiberon début 20e et le train à la halte de Penthièvre.

 

Au départ la ligne est surtout construite pour alimenter en munitions les batteries de la côte. Elle va modifier complètement la vie des habitants en leur apportant le tourisme et la mode des bains de mer.

La conserverie va pratiquement disparaître mais la fête de la Sardine depuis 1950 fête le petit poisson chaque année en juillet.

 

 

 

Mais la pêche aura toujours sa place et la maintient. A Port-Maria les chalutiers sont toujours présents et déversent à la criée des arcs en ciel couleurs de marées.

C’est un lieu très fréquenté par les professionnels venus de tous les coins car ici le poisson est pêché encore artisanalement.
Outre les chalutiers, le port a une grande activité avec les liaisons vers les îles qu’elles soient Belle-ïle, Houat ou Hoëdic.

 

   Les temps modernes…

Dans le flot de touristes lambda, Quiberon en a connu des célèbres. Alphonse Daudet à écrit à l’époque en villégiature La petite paroisse, la grande Sarah Bernhardt durant trente ans y prendra le bateau pour rejoindre sa résidence secondaire à Belle-Île. Le capitaine Dreyfus de retour de son séjour en Guyane débarquera un beau jour de juillet 1899 à Port-Haliguen.
Un auteur académicien depuis longtemps oublié, Henry Ceard, en 1896 écrira Terrain à vendre au bord de la mer.

 

 


La station prend de plus en plus d’importance et s’est déplacée vers Port-Maria avec sa grande plage et la gare tout près.

On construit des hôtels, on viabilise à tout va et c’est ainsi que le boulevard Chanard, la croisette quiberonnaise va voir le jour en 1900. Les soyeux lyonnais y font construire de belles villas. Quelques unes sont encore là aux noms évocateurs épargnées des promoteurs en folie !

 

 

 

Un certain monsieur Turpault, filateur de Cholet en vacances dans le coin décide de faire construire un manoir anglo-médiéval à la pointe de Beg Er Lann face à l’océan déchainé et qui donnera à Quiberon ses lettres de noblesse.

C’était en 1910 et le manoir dresse toujours sa silhouette de manoir hanté dans le soleil couchant !
Beaucoup de navires au cours des siècles ont sombré autour de Quiberon. Il faut dire que les tempêtes ne pardonnent pas dans le coin. En 1911, c’est un trois mâts norvégien le Carl Beach qui disparaît avec les 16 membres de son équipage.
Autour du phare de La Teignouse, par les grands fonds, quelques bateaux animent les abysses de leurs silhouettes fantasmagoriques.

 

 

En 1924, succès oblige, Quiberon est classée station climatique et son développement touristique va être de plus en plus performant.

1936, les congés payés sont nés, on part en vacances à la mer, on découvre la plage et ses jeux, l’eau et la nage et Quiberon devient tout naturellement une destination courrue non pas pour son soleil mais pour sa qualité de vie.

Quarante ans plus tard, un certain Louison Bobet, coureur cycliste de son état va avoir la riche idée d’y implanter le premier centre de thalassothérapie grand public. Les quiberonnaises ont désertées depuis longtemps les sardineries et vont trouver chez Louison, un emploi plus propre mais aussi fatigant.

Les accortes femmes se feront un trip en mettant  ces messieurs-dames dans les bains bouillonnants, douches et affusion pour redonner sérénité à ce beau monde soit-disant stressé !

 

 

 

 

 On ne peut parler de Quiberon sans oublier ses trois adresses incontournables. Riguidel pour ces beurrées, genre kouing-amam question calories, compteur bloqué, Le Roux avec ces fameux caramels au beurre salé CBS marque déposé et bien sûr Les Niniches ces petits sucres d’orge qui font le régal des petits mais aussi des grands !

 

 

 

Pour les nostalgiques de la sardine, deux fabriques encore artisanales et toujours en famille se font la concurrence sans émotions. La Quiberonnaise et la Belle-Îloise pour la sardine classique mais aussi pour toutes les déclinaisons inimaginables.

Les touristes sont depuis plus de 6000 ans les bienvenus à Quiberon qui en a fait sa marque déposée !



15/01/2013
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