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VENISE - Le Grand canal

Le Grand canal c'est d'abord un rêve éveillé posé sur l'eau, des rivages enchanteurs peuplés de palais émergeants du glauque pour mieux s'épanouir dans la lumière cristaline de la lagune. 

C'est le cœur de Venise, un ruban qui déploie 3800 m de façades colorées, de perspectives magnifiques, une voie d'eau symbole d'une ville qui n'en n'est pas une, un paysage unique, et j'ose l'écrire, la plus belle avenue du monde !


Quand on prend le vaporetto à San Marco pour remonter ou descendre — comme on veut — le Grand canal on est loin d'imaginer les émotions intenses qu’on éprouvera à admirer ce songe de marbre, de brique et de pierres.
C'est un mélange de genres et de styles ou le sublime côtoie le délabré, où du byzantin on passe au gothique vénitien, pour après, sauter du baroque au maniérisme. Force est de constater malgré cette accumulation, une grande unité architecturale inchangée depuis le 18e siècle.
Je ne vous citerais que les plus célèbres, car avec ses 120 palais, c'est plus un article, c'est un roman que je devrais écrire !

 

     

 A ma droite le palazzo Cornier della Ca' Grande, puis juste avant de passer sous le pont l'Accademia, version en bois sois-disant temporaire, datant de 1932 est toujours utilisée, le palazzo Cavalli Franchetti du 15e qui posséde une superbe fenêtre à 5 baies de style gothique, tout proche, le palais Salviati siège de la verrerie éponyme à la très belle mosaïque sur la façade.

  

 Le vaporetto glisse, s’arrête, embarque, débarque des passagers et poursuit son chemin, juste avant la première boucle du Grand canal, le palazzo Grassi qui avant d'être un musée d'art moderne est un édifice du 18e siècle imaginé par l'architecte Massari qui venait d'achever la Ca' Rezzonico situé en face.


  


Nous abordons une magnifique perspective avec des palais anonymes où non, merveilleux bijoux intemporels, pour atteindre le pont célèbre du Rialto à l'allée centrale bordée de boutiques qui date de 1591, une foule admirative, curieuse et accoudée, regarde passer les vaporetti, et de nouveau une étonnante vision dans cette deuxième boucle pour arriver à Ca' d'Oro construite en 1412 recouverte d'or à l’époque.


 Hélas les dorures ont disparu, reste néanmoins une magnifique façade baroque vénitienne du plus bel effet. Le palais abrite la galerie internationale d'art moderne.

Ensuite une succession de canaux, d'embouteillages de gondoles, de bateaux-taxi pour atteindre le palazzo Vendramin Calergi et franchir ensuite le troisième pont, le Scalzi. Enfin, quelques mètres plus loin, c’est le terminus, tout le monde descend !


Et me voilà reparti dans l'autre sens pour la rive gauche. De nouveau le Scalzi, presque en face du palazzo Vendramin, on aperçoit la Fondation dei Turchi. Style vénitien byzantin datant du 13e siècle et remanié au 19e par l'ajout de deux tours, il servait d'entrepôt aux marchands turcs.

La lumière s’adoucit, le jour baisse, un halo montant du canal donne aux palais un air mystérieux, et nous voilà devant le fameux Ca'Pesaro dessiné par Longherra au 17e siècle, il abrite une exceptionnelle collection d'art japonais ainsi que la galerie internationale d'art moderne. Et toujours cette suite prodigieuse de palais connus célèbres ou anonymes au fil de l'eau, des vaporretti se croisant, des gondoles chargées de touristes ou de marchandises pour passer ensuite devant le Fabbriche Nuove et de nouveau le Rialto.

   

Un peu plus loin le palais Barbarigo aux somptueuses fresques datant du 16e et restauré au 19e par la Compagnie Venise et Murano. Quelques brassées plus loin le palazzo Stein bâti au 15e. Presque mitoyen avec le fameux Ca’Rezzonico du 17e siècle à la grande richesse intérieure et dédié à la peinture vénitienne du 18e siècle, des œuvres majeures de Tiepolo et Longhi. C’est le dernier palais dessiné par Longhena.


Le vaporreto franchit de nouveau le pont l’Accademia et aussitôt le palazzo Venier resté inachevé de par son immense espace et parfaitement en symbiose avec l’art qu’il abrite, celui du 20e siècle jusqu’à 1960. C'est la collection de Peggy Guggenheim qui en avait fait sa demeure et reste le deuxième musée d’art contemporain d’Italie.

Le palazzo Vernier toujours en construction, jamais terminé !


Pour finir cette merveilleuse balade, le dernier palais, le Ca’Dario, un décor somptueux fait de marbres polychromes du 15e siècle, une atmosphère mystérieuse dûe à la mort non naturelle de plusieurs de ses propriétaires. Pour la petite histoire, notre poète Henri de Rénier y habitat quelques temps.

Chaque palais a un nom, une histoire. Tous, ils avaient deux fonctions, l'une, commerciale servant à entreposer les marchandises, directement accessible par l'eau  d'où partaient et arrivaient blé, vins, sucre, laines, dentelles, draperies, verreries, ébène, épices et l'autre privée servant d'habitation au patricien et à sa famille.


  
Remarquez la petite terrasse aménagée sur le toit.

Le second étage que le marchand et sa famille occupaient était composé d'une immense salle de réception — entourée de salons, de chambres et d'une bibliothèque — prolongée par une loggia avec vue sur le Grand canal. Le premier étage était destiné aux domestiques.

C’est une erreur de croire que Venise est construite sur l’eau et je tiens à le démentir ! La plupart des palais, maisons, églises sont bâties sur la ligne d’eau des rivières et ruisseaux qui serpentent dans la lagune, ou sur des îlots que les alluvions ont formés et qui sont au nombre de 117, paraît-il !

  

Il faut le dire aussi, un grand danger menace cette ville unique au monde, les fondations des palais sont détériorées par le “moto ondozo” remou provoqué par les bateaux à moteur. Bien sûr, on ne peut les supprimer, mais chaque vénitien est directement concerné et la municipalité essaie de les éduquer en mettant l’accent sur les méfaits de la motorisation en les sensibilisant à la protection de l’environnement, souhaitant fortement qu’elle soit mise en pratique.
Merci à tout ce peuple, riches et pauvres, doges et commerçants qui ont imaginé et construit cette ville unique au monde.

Vive la Sérénissime au-delà des siècles, puissant témoignage d'un univers à jamais englouti mais toujours vivant.




15/02/2013
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